« Selon les politiques actuelles, d’ici 2030, la population du Canada et les émissions de GES seront probablement supérieures de 7,5 %. »- Herbert Grubel et Patrick Grady
Photo par Aditya Chinchure sur Unsplash

Il y a des nouvelles encourageantes pour ceux d’entre nous qui sont concernés par l’impact environnemental de la population croissante du Canada. Les économistes et partisans de l’ICP Herbert Grubel et Patrick Grady ont fait publier un article sur l’immigration au Canada et son impact sur les émissions de gaz à effet de serre dans la section opinion du Financial Post du 23 janvier. Vous pouvez le consulter ici ou le lire dans son intégralité à la suite de ce courriel. Félicitations à Herbert et Patrick pour avoir fait passer le lien avec la population dans les médias grand public!

Notre travail de sensibilisation au fait que le « nombre de pieds » influe sur la taille de notre empreinte environnementale (même ici au Canada – pays des « grands espaces » mais qui, par habitant, est l’un des plus grands consommateurs d’énergie et émetteurs de GES au monde) soulève parfois quelques difficultés, mais nous continuons à faire passer le message sur les médias sociaux et par des présentations aux groupes d’intérêt.

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Madeline Weld, Ph.D.
Présidente, Institut canadien de la population
Tél : (613) 833-3668
Courriel : [email protected]
www.populationinstitutecanada.ca

Opinion: L’immigration pourrait rendre la « neutralité en carbone » mondiale plus difficile

Selon les politiques actuelles, d’ici 2030, la population du Canada et les émissions de GES seront probablement supérieures de 7,5 %.

Herbert Grubel et Patrick Grady, Spécial Financial Post
Date de publication: 23 janvier 2021

Par Herbert Grubel et Patrick Grady

Le premier ministre Justin Trudeau a récemment annoncé une forte augmentation des taxes sur le carbone afin d’atteindre un nouvel objectif ambitieux de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES) d’ici 2030. La réaction critique des médias à cette annonce s’est concentrée sur la charge économique que cette politique imposera aux Canadiens, sur l’ampleur du réchauffement climatique qu’elle permettra d’éviter et sur les chances que cette taxe soit effectivement adoptée par les futurs gouvernements.

Toutefois, la discussion n’a pas porté sur la manière dont les politiques d’immigration actuelles vont accroître les efforts nécessaires pour atteindre cet objectif. D’après l’expérience passée, ces politiques ajouteront trois quarts de pour cent à la population du Canada chaque année, de sorte qu’en 2030, toutes choses étant égales par ailleurs, la population du pays et les émissions totales de GES seront supérieures de 7,5 % à ce qu’elles auraient été autrement. Cet écart sera beaucoup plus important d’ici 2050, année où le gouvernement a promis de réduire les émissions à zéro, comme l’exige l’accord de Paris.

Les partisans des politiques d’immigration actuelles feront probablement valoir que l’augmentation des émissions ne nécessitera pas de taxes plus élevées pour les non-immigrants canadiens afin d’atteindre les objectifs de zéro puisque les immigrants augmenteront le revenu national et l’assiette fiscale proportionnellement au coût supplémentaire des mesures de contrôle des émissions. Cela serait vrai si les immigrants payaient en moyenne le même montant de taxes que le non-immigrant moyen. En fait, ce n’est pas le cas. Comme nous l’avons montré, en utilisant les données publiées par Statistique Canada, les immigrants récents ont en moyenne des revenus plus faibles et paient moins d’impôts que les autres Canadiens, ce qui signifie que ces derniers devront supporter une charge fiscale et économique plus importante qu’ils ne le feraient en l’absence des immigrants.

Si la charge fiscale et économique plus élevée des mesures de lutte contre les émissions devait amener les électeurs à élire des gouvernements qui réduisent l’intensité de ces mesures, cela réduirait les progrès vers le niveau zéro carbone. Mais la migration a également des effets plus directs sur les émissions. Prenons l’exemple d’un migrant indien, où, selon les données de la Banque mondiale pour 2016, l’émission moyenne de CO2 (qui représente environ 80 % de toutes les émissions de GES) était de 1,82 tonne par an. Au Canada, la moyenne était de 15,09 tonnes métriques. Par conséquent, après l’installation de ce migrant au Canada, les émissions mondiales augmenteraient de 13,27 tonnes par an.

L’ampleur de cet effet créé par tous les immigrants du Canada est déterminée par la moyenne des émissions dans leur pays d’origine ainsi que par le nombre d’immigrants de chacun de ces pays. En utilisant les données sur les émissions de CO2 pour 2016 de la Banque mondiale et les données d’Immigration, réfugiés et citoyenneté Canada sur les sources d’immigrants, nous estimons qu’en 2017, l’augmentation des émissions mondiales était de 11,33 tonnes métriques par immigrant et que les 286 000 immigrants admis cette année-là ont ajouté un total de 3,25 millions de tonnes métriques aux émissions mondiales et ajouteront 97,4 millions de tonnes métriques supplémentaires au cours des 30 années restantes de leur durée de vie supposée. Ces chiffres ne concernent que les immigrants arrivés en 2017, mais ils sont également pertinents pour les immigrants qui arriveront dans les années à venir et dont le nombre augmentera considérablement selon les derniers plans du gouvernement.

Les électeurs ont le droit d’être informés des coûts liés à ces choix.

Tous les calculs ci-dessus sont basés sur des hypothèses que d’autres pourraient remettre en question et souhaiter changer, y compris l’hypothèse que les immigrants sont des producteurs moyens de carbone à la fois dans les pays qu’ils quittent et lorsqu’ils arrivent au Canada. Cela n’est presque certainement pas vrai, bien qu’avec les données existantes, des hypothèses et des estimations plus précises ne soient pas possibles. En tout état de cause, nous sommes convaincus que de tels changements ne modifieraient pas notre conclusion de base selon laquelle les immigrants augmenteront considérablement la contribution du Canada au stock mondial d’émissions de CO2. Compte tenu des faibles revenus moyens et des impôts payés par les immigrants, l’élimination de ces émissions supplémentaires entraînera une hausse des impôts et des perturbations économiques qui toucheront principalement les Canadiens non immigrants.

Comme mentionné, ces charges accrues pourraient bien conduire les futurs gouvernements à être élus sur la promesse de réduire, voire d’éliminer les taxes sur le carbone qui ont été imposées récemment. Si cela se produit, les politiques d’immigration du Canada auront entraîné un ajout permanent au stock de CO2 dans l’atmosphère et augmenté le risque d’un réchauffement climatique coûteux. Ce problème peut toutefois être évité si le gouvernement fixe des objectifs beaucoup plus bas en matière d’immigration et se concentre davantage sur l’admission de travailleurs ayant les compétences requises plutôt que sur celle de personnes à charge et de membres de la famille.

En fin de compte, et comme il se doit, les électeurs décideront s’ils veulent que le gouvernement change les politiques d’immigration ou s’ils sont prêts à accepter des coûts plus élevés pour profiter des prétendus avantages de l’immigration de masse. Mais les électeurs ont le droit d’être informés des coûts qu’impliquent ces choix. Les ministres de l’Immigration et de l’environnement devraient prendre la responsabilité de fournir ces informations aux Canadiens – et au premier ministre Trudeau avant qu’il ne reparte en pèlerinage dans un forum international pour parler de l’engagement de son gouvernement à éliminer les émissions de CO2 ou à augmenter l’immigration.

Herbert Grubel, ancien député de Capilano-Howe Sound, est professeur émérite d’économie à l’université Simon Fraser. Patrick Grady travaille à global-economics.ca.