Vous vous demandez peut-être pourquoi elle n’a pas simplement fait réparer sa fournaise. Il se trouve que sa fournaise est tombée en panne alors que l’Allemagne traverse une crise énergétique. Le 15 avril, soit un peu plus d’une semaine avant mon arrivée, l’Allemagne a fermé ses trois derniers réacteurs nucléaires, à la suite d’une décision prise en 2011 d’abandonner progressivement l’énergie nucléaire d’ici 2022 (une prolongation a été accordée jusqu’au 15 avril de cette année). Pendant des décennies, l’énergie nucléaire a fourni environ 20% ou plus de l’énergie allemande; en 2022, ce chiffre était tombé à un peu plus de 3%. Avant son invasion de l’Ukraine en février 2022, la Russie fournissait un peu plus de la moitié du gaz naturel allemand, qui représente environ un quart de la consommation d’énergie de l’Allemagne. Après l’invasion, l’Allemagne a réduit ses importations en provenance de la Russie à 25% du total, s’approvisionnant en gaz naturel sec auprès de la Norvège et des Pays-Bas, et important du gaz naturel liquéfié (GNL) en provenance des États-Unis et du Qatar.
En plus de ces bouleversements, l’Allemagne vise la neutralité carbone d’ici 2045 et accélère la production d’électricité à partir de l’énergie éolienne, solaire et de la biomasse. D’ici 2030, elle espère que 80% de son électricité proviendra des énergies renouvelables, moins de 50 % aujourd’hui. Ce sera un défi en soi, mais seulement 40% environ de l’énergie primaire de l’Allemagne est utilisée pour produire de l’électricité. Pour atteindre la carboneutralité, l’Allemagne devra électrifier d’autres secteurs, tels que le chauffage et les transports, qui dépendent encore largement des combustibles fossiles, ce qui, outre son coût élevé, aura également des incidences sur l’environnement.
Les plans énergétiques de l’Allemagne ont entraîné une hausse des prix de l’énergie, l’incertitude et l’inquiétude chez les consommateurs, un triplement du prix des matériaux de construction et de l’agitation au sein du parlement.
Sécurité énergétique et objectifs en matière de carbone
L’Allemagne dépend fortement des importations pour satisfaire ses besoins énergétiques. En 2021, le charbon (~17,1 %), le gaz naturel sec (~26,5 %) et le pétrole et autres liquides (~34,8 %) représentaient 78,4 % de la consommation totale d’énergie. Pour ces trois catégories, le pourcentage importé était respectivement de 47%, >95% et >98%. Alors que la catégorie « nucléaire, renouvelable et autres » ne représentait que 21,6 % de l’énergie consommée, ce n’est que dans cette catégorie (essentiellement pour la production d’électricité) que l’Allemagne a pu fournir elle-même toute l’énergie qu’elle a consommée. Au total, 67 % de l’énergie consommée par l’Allemagne en 2021 a été importée.
Si vous effectuez une recherche en ligne pour savoir quel pourcentage de la consommation d’énergie de l’Allemagne provient des énergies renouvelables, la plupart des articles qui apparaissent en tête de liste vous diront qu’environ la moitié de l’électricité de l’Allemagne est fournie par les énergies renouvelables. Mais l’électricité n’est pas la même chose que l’énergie. L’électricité est générée par des sources d’énergie, qu’il s’agisse d’énergies renouvelables telles que le vent, le soleil et l’eau, ou de combustibles fossiles tels que le pétrole, le gaz naturel et le charbon. En Allemagne (et ailleurs), les combustibles fossiles restent la principale source d’énergie pour le chauffage, le transport et l’agriculture.
Le graphique suivant du parc électrogène de l’Allemagne en 2022 montre qu’obtenir 80% de son électricité à partir d’énergies renouvelables d’ici 2030 et devenir neutre en carbone d’ici 2045 ne sera pas une mince affaire, si tant est que cela soit possible. Si la consommation d’électricité devait rester au niveau actuel, il faudrait augmenter la production d’énergie électrique à partir de sources renouvelables d’environ 60%. (Étant donné que plus de la moitié de l’électricité est actuellement produite à partir de combustibles fossiles, les 30 % supplémentaires nécessaires pour passer d’une production d’électricité à partir d’énergies renouvelables de ~50% à 80% nécessiteraient que les énergies renouvelables remplacent les combustibles fossiles pour 30% de la consommation d’électricité). Toutefois, pour atteindre la neutralité carbone d’ici 2045, de nombreux secteurs qui dépendent aujourd’hui principalement des combustibles fossiles devraient être alimentés par l’électricité. Il s’agit notamment du chauffage des habitations, des transports et de l’agriculture.
Quelles politiques seront mises en œuvre alors que l’Allemagne s’efforce d’atteindre ces objectifs ambitieux et quel sera leur impact sur les citoyens et les résidents allemands? |
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