Migrants mystères
Au printemps 2024, un ami m’appelle pour me parler d’une réunion qu’il a eue avec sa conseillère municipale de la ville d’Ottawa. Elle lui a raconté qu’à l’époque, trois centres communautaires de son quartier avaient été entièrement consacrés à l’hébergement des demandeurs d’asile. Bien que ses électeurs aient perdu l’accès à leurs installations récréatives, elle n’a reçu aucune information sur les nouveaux arrivants. Elle ne savait pas de qui il s’agissait, ni d’où ils venaient, si ce n’était de l’aéroport d’Ottawa ou d’un autobus en provenance de Montréal. Néanmoins, elle n’a pas voulu s’y opposer ou demander plus d’informations. Des aménagements sont recherchés ailleurs, a-t-elle dit.
Où est l’ailleurs ? Les villes de destination des demandeurs d’asile qui arrivent par milliers, telles que Toronto, Montréal et Ottawa, dépensent des millions de dollars pour faire face à un afflux qu’elles sont mal équipées pour gérer. C’est ainsi qu’Ottawa a eu l’idée d’utiliser des structures « Sprung » (bâtiments modulaires en toile tendue), déjà utilisées comme gîtes pour les sans-abris à Toronto, pour accueillir les demandeurs d’asile. La planification de l’érection de ces structures temporaires s’est faite avec peu de transparence ou consultation avec les communautés concernées. Lorsque la nouvelle fut connue, de nombreux habitants se sont montrés peu enthousiastes à l’égard de cette idée.
Barrhaven dit « non »
Barrhaven, dans le sud-ouest d’Ottawa, est l’une de ces communautés. Une structure Sprung destinée à accueillir 150 demandeurs d’asile, pour la plupart des hommes célibataires, devait être installée dans un champ situé à l’angle nord-est de l’intersection du chemin Greenbank et de la promenade Highbury Park. Les résidents locaux ont exprimé leur désarroi en organisant une manifestation à l’emplacement proposé le dimanche 3 novembre 2024. Un ami a entendu parler d’une deuxième manifestation qui devait avoir lieu dans l’après-midi du 5 novembre, et nous avons donc décidé d’aller y jeter un coup d’œil.
Nous sommes arrivés vers 16 heures, alors que les préparatifs du rassemblement ne faisaient que commencer. Une petite plate-forme pour les orateurs a été installée et des affiches ont été placées le long des rues au périmètre du terrain. Au bout d’une heure, les gens ont commencé à arriver, et leur nombre s’est accru à mesure que la lumière de l’après-midi déclinait. Lorsque les discours ont commencé, environ deux heures après notre arrivée, il y avait des centaines de personnes. Le conseiller municipal Wilson Lo a estimé que le nombre à son maximum se situait entre 2 500 et 3 000.
Parmi les orateurs figuraient Jason MacDonald, qui dirige la Barrhaven Business Improvement Area (la zone d’amélioration commerciale de Barrhaven), une femme appelée Sandy, qui était l’une des principales organisatrices du rassemblement, une femme appelée Heather, qui a déclaré avoir vécu à Barrhaven pendant 29 ans, période au cours de laquelle la population est passée de 29 000 à 110 000 habitants, les conseillers municipaux Wilson Lo et David Hill, ainsi que Lisa MacLeod, députée provinciale de Nepean de longue date.
Ces intervenants et d’autres ont soulevé de nombreux points valables, notamment l’adéquation des structures Sprung comme lieu où vivre pendant un hiver ottavien, la capacité de l’infrastructure locale à supporter la charge supplémentaire de résidents, les installations disponibles pour les personnes logées et leur accès aux services sociaux, y compris pour la toxicomanie et la santé mentale, les possibilités d’emploi pour les nouveaux arrivants et l’impact qu’ils pourraient avoir sur la sécurité de la communauté, y compris dans les parcs locaux où jouent les enfants.
|
Leave A Comment