L’État n’a pas sa place dans les chambres à coucher de la nation », a déclaré Pierre Elliott Trudeau en 1967, alors qu’il discutait avec les journalistes de son projet de loi omnibus, qui comprenait des modifications du Code pénal concernant l’homosexualité.

Mais, sous le gouvernement de Justin, le fils de Pierre, l’État est en train de se faufiler dans les chambres à coucher de la nation. Pas de la manière dont Pierre parlait, bien sûr. Il n’y a probablement pas de plus fervent défenseur de la diversité sexuelle que Justin Trudeau, qui a fait déplacer le drapeau canadien par celui de la Fierté devant le Bureau du Premier ministre et du Conseil privé pendant le mois de la Fierté en 2023 et qui a assisté à une cérémonie de levée du drapeau de la Fierté sur la colline du Parlement. En fait, Trudeau Jr. n’a jamais eu l’air aussi heureux que lorsqu’il participe à un défilé de la Fierté ou qu’il pose avec des drag queens.

Nous avons parcouru un long chemin depuis la décriminalisation de l’homosexualité. Photo de Yahoo!news

Le taux de croissance démographique du Canada entraîne des problèmes similaires à ceux du tiers-monde

Sous le gouvernement de Justin Trudeau, l’État fait face à un retour de bâton bien mérité en raison de la crise du logement qu’il a provoquée par sa politique d’immigration irresponsable. Si l’on tient compte des résidents permanents et non permanents, des étudiants, des réfugiés et des demandeurs d’asile, l’afflux de Trudeau a dépassé le million en 2022 et 2023. Neuf mois à peine après avoir franchi le nouveau jalon des 40 millions d’habitants en juin 2023, le Canada en a encore ajouté un million, atteignant 41 millions en mars 2024. À 3,2 % par an, le taux de croissance du Canada dépasse non seulement celui de tous les autres pays de l’OCDE, mais aussi celui de la plupart des pays du monde, y compris ceux de l’Afrique subsaharienne. En fait, dans un rapport spécial, la Banque Nationale du Canada a averti que le Canada se trouve désormais dans un « piège démographique », où la croissance de la population est supérieure à la croissance économique, la même problématique qui entrave depuis longtemps le développement des pays les plus pauvres du monde.  La Banque de Nouvelle-Écosse a établi un lien entre la croissance démographique rapide du Canada et sa récente baisse de productivité.

Campement de sans-abri à Vancouver. Photo de Randy Laybourne sur Unsplash
En raison de la crise qu’il s’est lui-même infligée, le gouvernement fait désormais pression sur les provinces et les municipalités pour qu’elles augmentent le parc de logements par tous les moyens nécessaires.  En 2021, le gouvernement fédéral a imposé la « taxe sur les logements sous-utilisés », en vertu de laquelle les propriétaires de biens immobiliers vacants ou sous-utilisés seraient soumis à une taxe de 1 % calculée en pourcentage de la valeur imposable du bien, à moins qu’ils ne demandent avec succès une exemption d’inoccupation (par exemple, en raison de rénovations).  Par conséquent, toute personne d’Ottawa, par exemple, qui possède un logement utilisable toute l’année doit désormais soumettre une « déclaration de propriété » chaque année, déclarant qu’elle vit sur la propriété ou qu’elle la loue. Le fait de ne pas soumettre à temps une déclaration d’occupation de la propriété à la Ville d’Ottawa est passible d’une amende de 250 $.

La démocratie en prend un coup

Les Canadiens n’ont jamais demandé la croissance que le gouvernement fédéral leur impose. Ils n’ont pas demandé que leurs quartiers tranquilles à faible densité soient transformés par la construction intercalaire et la densification. Ils n’ont pas demandé que chaque parcelle de terrain non aménagé à laquelle ils avaient accès soit transformée en une ou deux tours d’habitation. Ils n’ont pas non plus demandé que les terres agricoles, les boisés et tous les espaces naturels situés dans le périmètre de leur ville soient remplacés par des rangées et des rangées de maisons à l’emporte-pièce. Au service de la croissance, les Canadiens perdent en qualité de vie d’une manière que les économistes n’évaluent pas et dont les dirigeants seigneurs politiques et financiers ne se soucient pas.

Alors que les nouveaux arrivants affluent dans les municipalités à un rythme qui dépasse de loin leur capacité d’accueil, les plans de développement des conseils municipaux, sans parler des souhaits de leurs habitants, perdent toute pertinence. Les provinces ont fait preuve de peu de courage pour tenir tête au gouvernement fédéral. Deux d’entre elles, l’Ontario et la Colombie-Britannique, ont réagi à la poussée démographique en arrachant aux municipalités le pouvoir de définir des lois de zonage et de prendre d’autres décisions locales. Ils ont également supprimé les redevances des promoteurs, laissant le coût de la plupart des nouvelles infrastructures à la charge des résidents, par le biais de leur facture de taxe municipale. M. Trudeau s’est récemment engagé à « contourner » les provinces qui « ne sont pas ambitieuses en matière de logement » et à travailler directement avec les villes. En langage novlangue, ces prises de pouvoir se traduisent par la « légalisation du logement ».

L’opposition loyale de Sa Majesté ne vient pas non plus à la rescousse des Canadiens lorsqu’il s’agit de les sauver de la croissance de tiers-monde imposée par le gouvernement. Selon la vice-présidente conservatrice Melissa Lantsman, le plan des conservateurs pour faire face à la crise du logement consiste à récompenser les municipalités qui augmentent de 15 % le nombre de logements approuvés et à infliger des amendes à celles qui ne le font pas. Il semble que le mieux que les conservateurs puissent offrir aux municipalités qui ont du mal à avaler la pilule de la croissance que le gouvernement leur fait avaler, c’est de les punir. Les partis verts font preuve d’un manque flagrant de vert en ignorant le rôle de la croissance démographique dans les problèmes environnementaux. Le Parti vert de l’Ontario accuse même le premier ministre Doug Ford de favoriser le PDMC parce qu’il ne veut pas « légaliser les quadruplex » dans toute la province. Notez que les Verts utilisent la novlangue « légaliser » pour botter les restrictions de zonage.

Le Spectacle Doug et Bonnie

Une prise de bec entre le premier ministre conservateur Doug Ford et la dirigeante libérale de l’Ontario Bonnie Crombie révèle que les politiciens savent que les Canadiens ne veulent pas qu’on leur impose la croissance. En mars, les libéraux de Mme Crombie, qui ne sont pas au pouvoir, ont présenté le projet de loi 175. Entre autres mesures visant à priver les municipalités du pouvoir de réglementer la construction de maisons, ce projet de loi permettrait à tout propriétaire d’un terrain résidentiel n’importe où dans la province de construire jusqu’à quatre unités résidentielles et jusqu’à quatre étages, sans prendre de dispositions en matière de stationnement. Lorsque des journalistes ont interrogé le premier ministre Ford sur ces projets, il a clairement indiqué qu’il pensait qu’ils n’aboutiraient pas.

Le square Nathan Phillips, Toronto. Photo de Scott Webb sur Unsplash
« Si je place une tour de quatre étages à côté de vous et de vos voisins, ils perdront la tête », a-t-il déclaré à une occasion. Dans une vidéo qu’il a publiée sur X le 22 mars, M. Ford a critiqué la proposition de Mme Crombie. La vidéo commence par la phrase suivante : « Je ne passerai pas outre à la planification municipale pour imposer des immeubles de 4, 6 ou 8 étages dans tous les quartiers de l’Ontario ». Ce qui est ironique de la part d’un premier ministre qui a adopté de nombreuses lois pour permettre à la province d’ignorer les municipalités. Il semble qu’il ressente encore la vive colère de ses électeurs à la suite du fiasco de construction sur la ceinture verte.

Mme Crombie a répondu dans un « gazoullis » : « Vous avez montré vos vraies couleurs de PDMC, Doug. Si vous ne construisez pas les logements dont l’Ontario a besoin, je le ferai. #onpoli #cdnpoli ». Pourtant, Mme Crombie s’était elle-même montrée très PDMC lorsqu’elle était maire de Mississauga. Exactement deux ans plus tôt, dans une vidéo intégrée à un tweet du 24 mars 2022, celle qui veut maintenant permettre à tout constructeur potentiel d’ériger des quadruplex de quatre étages n’importe où avait prévenu que « … nous pourrions voir jusqu’à quatre unités ou quatre étages dans un quartier résidentiel sans qu’aucune approbation ou consultation ne soit nécessaire. Ou encore des immeubles de 6 à 11 étages dans des quartiers résidentiels situés le long des voies de transport en commun. Ces images sont quelque peu alarmantes et je pense qu’il est important que les habitants soient conscients des changements que la province pourrait explorer…. »

Ce que Mme Crombie trouvait alarmant en tant que maire d’une ville confrontée à une croissance imposée par la province en mars 2022, elle se propose de le rendre obligatoire en tant que chef d’un parti d’opposition minoritaire en 2024. Quant au premier ministre Ford, partisan de la croissance, il est manifestement conscient de la gifle que son comportement autoritaire lui a value et fait maintenant au moins semblant d’écouter les préoccupations des petites gens. Tous deux sont plus prudents lorsqu’il s’agit de prôner la croissance à tout crin, alors qu’ils ont le pouvoir à perdre. Ni l’un ni l’autre ne s’est montré enclin à tenir tête au gouvernement fédéral et à exiger un ralentissement de l’immigration.

Le Spectacle Doug et Bonnie montre que la politique d’immigration du Canada est guidée par les profits et la politique à tous les niveaux du gouvernement, sans se soucier de l’éthique ou de la conservation.

Pourquoi les parents dont les enfants ont quitté la maison restent-ils dans leur maison à plusieurs chanbres?

Dans une vidéo publiée sur son compte X le 6 avril, le premier ministre vante les mérites des maisons modulaires produites en masse que son gouvernement finance. Le rêve canadien de posséder une maison, et encore plus une maison avec une arrière-cour dans un quartier à faible densité, est mort pour une grande partie des millénaux et de la génération Z.

Même si c’est le gouvernement qui a tué leur rêve d’accéder à la propriété, les personnes pour qui l’accession à la propriété est hors de portée pourraient en vouloir à ceux qui continuent simplement à vivre dans des maisons qu’ils ont achetées il y a longtemps.

Des gens comme Dennis et Joyce Short, par exemple, un couple de retraités qui (en 2018) continue de vivre dans la maison de London, en Ontario, qu’ils avaient achetée pour 32 500 dollars quarante ans plus tôt, alors qu’on s’attend à ce qu’environ 700 000 millénaux de cette province soient à la recherche d’une maison au cours de la prochaine décennie. Mais les Shorts n’ont pas l’intention de vendre. Outre les coûts liés à la réduction de la taille de la maison, tout ce qu’ils achèteraient coûterait également une fortune. Comme le fait remarquer Dennis, « nous ne pourrions pas louer un appartement d’une chambre à coucher pour ce que coûte le fonctionnement de notre propriété ».

Les Shorts aiment l’endroit où ils vivent. « Nous aimons l’intimité de notre propriété. Nous avons une grande arrière-cour. La rue dans laquelle nous vivons est comme une communauté », déclare Joyce. Ce genre de choses, comme le dit Yvonne Ziomecki de la HomeEquity Bank, « n’a pas de valeur monétaire ».

L’article décrivant les choix de Dennis et Joyce Short est intitulé « Plus de cinq millions de chambres libres contribuent à la crise du logement, selon les experts ». Des personnes comme les Short devraient-elles se sentir obligées de sacrifier leur propre qualité de vie pour compenser les conséquences d’une politique d’immigration fédérale irréfléchie qui a entraîné une croissance démographique, dont une analyse de BMO datant de mai 2023 montre qu’elle est étroitement liée au coût du logement ?

Graphique 6 dans l’article de BMO, Catch-’23 : Canada’s Affordability Conundrum
Le gouvernement dont la politique d’immigration « ambitieuse » a créé une crise du logement qui tient les jeunes Canadiens à l’écart du marché de l’immobilier pourrait-il chercher à y remédier en imposant une taxe destinée à chasser les vieux Canadiens de leur logement ?  Qu’est-ce qui l’empêcherait d’imposer des taxes punitives aux propriétaires de logements qu’il considère comme trop faiblement occupés ? Les propriétaires pourraient être contraints de remplir une « déclaration d’occupation des chambres » indiquant le nombre de chambres vacantes dans leur maison et être soumis à une « taxe sur les chambres sous-utilisées » s’ils n’ont pas une bonne raison de laisser une chambre vacante. Et peut-être être soumis à une amende massive s’ils mentent afin d’éviter la taxe ?

C’est absurde, dites-vous ? La proposition de mettre en place une taxe sur les chambres à coucher a déjà été faite.

Chambres à coucher inoccupées

La question « Toronto devrait-elle introduire une taxe sur les chambres vides ? » a été posée sur le site reddit r/TorontoRealEstate. Le vote, qui s’est achevé il y a 9 mois, a donné 86 voix pour (« Oui, taxer les chambres vides ») et 208 voix contre (« Non, laisser les choses en l’état »), soit un rapport de 2,4 contre 1 pour le camp du NON.

Je suis déçue que le ratio ne soit pas plus proche de 10 pour 1, mais il ne fait aucun doute que de nombreux habitants de la plus grande mégapole du Canada souffrent de la pénurie de logements. Parmi les réponses négatives, nombreuses sont celles qui témoignent d’une crainte d’un communisme rampant.

« Manlygirl100 » a déclaré : « F*** it, confisquons tous les biens privés et laissons le gouvernement les distribuer » (mes astérisques).   «AdRepresentative3446 » a donné le conseil suivant :  « Vous êtes libre d’aller vivre dans une commune avec autant d’autres perdants communistes que vous le souhaitez. C’est la beauté de vivre dans un pays du premier monde. Faisons en sorte qu’il en soit ainsi ». Mais la meilleure suggestion est peut-être celle de « Karldonutzz » : « Obligez tous les hommes politiques à loger 10 migrants. »

La suggestion de M. Karldonutzz, s’il avait le pouvoir de la mettre en œuvre, amènerait sans doute de nombreux hommes politiques à remettre en cause la politique d’immigration du premier ministre. Jusqu’à présent, leur réponse a simplement consisté à répercuter la pression vers le bas. En août 2023, le ministre du Logement de la Nouvelle-Écosse, John Lohr, a appelé les habitants de la province à envisager de louer des chambres chez eux en annonçant que son gouvernement prolongeait son contrat avec la plateforme nationale de partage de logements Happipad, qui estime qu’il pourrait y avoir plus de 12 millions de chambres vides dans les foyers du pays. On peut se demander si John Lohr relèvera lui-même ce défi.

La question « Les personnes disposant de chambres supplémentaires dans leur maison devraient-elles être obligées de les louer s’il y a une grave pénurie de logements dans cette zone ? » est apparue sur Quora en 2017. L’une des réponses (il y a cinq ans) provenait d’une juge de cinq ans qui était avocate agréée dans trois États américains. Elle a déclaré qu’il faudrait abroger le troisième amendement de la constitution américaine pour que cela se produise et que cet amendement avait été utilisé à plusieurs reprises pour établir un droit implicite à la vie privée dans la constitution américaine.

Mais la Charte canadienne des droits et libertés ne protège pas directement les droits de propriété privée. Il reste à voir si le droit commun résistera aux pressions exercées par l’État sur les propriétaires pour qu’ils logent des locataires contre leur gré, si cela devait se produire.

Les migrants quittent le Canada, mais les Canadiens n’ont nulle part où retourner

Un rapport secret de la GRC, déclassifié, mais lourdement expurgé, publié en 2023, prévient que le Canada pourrait sombrer dans l’agitation civile une fois que les Canadiens auront pris conscience du caractère désespéré de leur situation économique. « Les Canadiens de moins de 35 ans ne seront probablement jamais en mesure d’acheter un logement », indique le rapport, qui prévient que la situation du Canada « se détériorera probablement davantage au cours des cinq prochaines années ».  Le sombre pronostic du rapport s’aligne sur les statistiques disponibles. Sans surprise, le rapport prédit que les Canadiens seront de plus en plus désillusionnés par leur gouvernement. Mais ce qui est surprenant, c’est que les auteurs attribuent ce phénomène principalement à la « désinformation », aux « théories du complot » et à la « paranoïa », par opposition à ce que certains pourraient appeler la « réalité ».

Alors que la situation du logement au Canada se détériore, un nombre croissant de migrants quittent le pays et mettent en garde les candidats à l’immigration. De nombreux Canadiens se sentent tout aussi escroqués que les immigrants, mais ils n’ont pas de demeure où retourner.

L’État peut ne pas se soucier de ce qui se passe dans la chambre à coucher, tant qu’elle est occupée

Dans une belle démonstration de la surdité de son gouvernement, la vice-première ministre Chrystia Freeland a affirmé que le Canada avait la capacité sociale de supporter des niveaux élevés d’immigration. On peut se demander si son gouvernement n’est pas en train de tester la capacité du pays jusqu’à sa destruction.

La seule solution sensée à la crise du logement, à savoir une réduction significative de TOUTES les catégories de nouveaux arrivants, ne semble pas être envisagée par le gouvernement actuel. La crise du logement au Canada devrait se poursuivre dans un avenir prévisible.

Pouvons-nous faire confiance à l’État pour respecter le principe selon lequel « la maison d’un homme est son château », ou devons-nous nous attendre à ce qu’il s’intéresse à nouveau aux chambres à coucher de la nation ?

Madeline Weld, Ph.D.
Présidente, Institut canadien de la population
Tél.: (613) 833-3668
Courriel: [email protected]
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