Pénurie de ressources ou simplement trop de gens en train de les dévorer?

Il était une fois… le monde bénéficiait d’une surabondance de richesses naturelles, d’un large éventail de ressources renouvelables et non renouvelables. Puis, l’équilibre entre l’humanité et les ressources terrestres s’est mis à changer inexorablement. La montée en flèche de la population, passant d’un milliard en 1800 à 7 milliards aujourd’hui, a fait en sorte que les êtres humains ont dévoré de plus en plus de ressources, vraisemblablement en toute insouciance. Lentement, mais en accélérant le pas, on a exploité les ressources de la planète. Cependant, si nous faisons maintenant face à des pénuries, c’est autant à cause de notre croissance exponentielle que de notre prodigalité. En fait, la croissance démographique, qui dans certaines régions a causé le surpeuplement et les problèmes connexes, a atteint ce que les experts qualifient de « dépassement », c’est-à-dire le point où la consommation dépasse la capacité de la terre à soutenir l’humanité à un niveau raisonnable dans l’avenir.

Richesse décroissante, augmentation des déchets et de la pollution de l’environnement

Nous sommes en voie d’épuiser – et dans certains cas l’avons déjà fait – le trésor de la planète par la récolte excessive, la surpêche, la déforestation, l’abus des sols menant à l’érosion, la salinisation voire la contamination, l’épuisement de la nappe aquifère, le drainage des rivières à un taux excédant la recharge. Nous faisons face à la pénurie de nombreuses ressources non renouvelables dont dépend la civilisation moderne : par exemple le pétrole, essentiel entre autres au transport et à l’agriculture et les minéraux comme le cobalt, le cuivre, l’argent et l’étain, utilisés en infrastructure et dans les appareils électroniques. Bien qu’il restera toujours des traces de ces matières dans le sous-sol, la disponibilité des dépôts accessibles économiquement diminue rapidement. Parallèlement, les activités humaines polluent la planète avec toutes sortes d’eaux usées. Ceci inclut les eaux d’égouts de nos villes et régions urbaines, les résidus industriels et terrils, les ruissellements de terres agricoles chargées d’engrais et de pesticides, ainsi que les rejets des installations d’élevage, où des quantités énormes de fumier (sans faire mention du méthane) produisent les zones mortes dans de grandes étendues d’eau telles que le golfe du Mexique. On trouve parmi les déchets une grande quantité d’ordures, dont une grande portion atteint les océans où l’on dispose de tonnes de rebus de plastique flottants qui tuent oiseaux, poissons et mammifères. Entretemps, nous salissons l’atmosphère avec des quantités croissantes d’émissions de gaz à effet de serre (GES) dont on sait qu’ils provoquent le changement climatique, un phénomène mondial qui promet d’avoir de graves conséquences à long terme aux plans social, économique et environnemental.

Les coûts de la croissance démographique : monde développé versus tiers monde

À l’heure actuelle, la population mondiale s’accroit d’environ un milliard (109) de personnes tous les douze ans. Malgré la preuve irréfutable que cette croissance démographique, combinée à la consommation accrue, a des répercussions désastreuses sur notre planète, la surpopulation demeure un sujet délicat, voire tabou, à un point tel que certains nient même que la surpopulation soit un problème. Ce refus d’accepter la réalité est dû en partie au fait que la croissance démographique naturelle a lieu presque exclusivement dans les pays en voie de développement, en particulier en Afrique. Par contre, la croissance observée aux États-Unis, en Australie et au Canada est due surtout à l’immigration et non pas à des taux de naissance élevés. Et c’est encore en Afrique que les gens les plus pauvres et les moins instruits ont les plus grandes familles, contribuant à l’accroissement de la population dans ces régions. Il faut voir avec inquiétude le fait que la population africaine, déjà appauvrie, passera du milliard actuel aux deux milliards prévus pour 2050.

Le surpeuplement : à qui le blâme?

Il y en a qui accusent de racisme ceux qui se soucient de la croissance mondiale illimitée et tentent de la réduire, qu’ils mettent le tort sur les pauvres ou transfèrent la responsabilité sur les femmes pauvres. Oui, l’ICP se soucie profondément de la surpopulation. Nous sommes convaincus que la planète Terre subit un stress environnemental intense, qu’elle est incapable de nourrir, de vêtir ou d’abriter ses 7.2 milliards de résidents actuels et qu’on ne peut s’imaginer pendre soin de 9 milliards d’habitants en 2050 et de 11 milliards en 2100, selon les prévisions des Nations Unies. Nous préconisons donc des solutions politiques qui ont le potentiel de mener l’humanité vers un cheminement durable au sein des limites restreintes et incertaines des ressources planétaires et de la capacité des écosystèmes d’absorber les déchets de l’économie mondiale actuelle.

L’utilisation des ressources : eux et nous, la réalité et l’avenir

En réaction, certains critiques soutiennent qu’un habitant de la Somalie ou du Bangladesh, par exemple, ne consomme qu’une fraction des ressources utilisées par le Canadien moyen et produit une part relativement petite de déchets ou de gaz à effet de serre. Bien que ceci soit vrai, il s’avère que même le plus pauvre parmi les pauvres aura un impact considérable sur les ressources et l’environnement. Ces mêmes pauvres revendiquent, à raison, le même standard de vie accessible dans des pays comme le Canada, même si les ressources consommées et les conséquences environnementales nécessaires pour atteindre ce but sont nuisibles, parfois à l’extrême. À mesure que la richesse s’accroit, la pression sur l’environnement augmente en proportion, par la consommation accrue d’aliments et de produits et l’augmentation de l’utilisation des transports et de l’énergie, accompagnées d’une production accrue de GES.

La pauvreté, la croissance démographique et la dégradation de l’environnement

Plusieurs millions en Inde, la majorité, sont pauvres et consomment peu en comparaison à nous. Malgré cela, une croissance démographique incessante a favorisé une déforestation répandue, provoquant l’érosion et des inondations de plus en plus fréquentes, notamment durant la mousson, occasionnant la presque élimination de l’animal emblématique qu’est le tigre. L’Éthiopie, comme tout autre pays du Sahel, est maintenant dépourvue de ses forêts, dû non pas à l’exploitation forestière commerciale, mais à sa croissance démographique au vingtième siècle alors que les forêts étaient déboisées pour l’agriculture et le bois de chauffage. Malgré les efforts pour augmenter la production alimentaire, les mauvaises récoltes et l’insuffisance des denrées ont causé de grandes famines auxquelles les pays développés ont dû remédier.

Le prix à payer : la biodiversité et la faune

Les grandes populations en croissance, même celles qui ne consomment qu’une petite quantité de produits de consommation, épuisent ou dégradent souvent leurs ressources en eau. Le Yangzi et le Gange sont gravement pollués et le Nil est réduit à un filet lorsqu’il atteint la Méditerranée, alors que ses eaux sont retirées par les populations croissantes de l’Éthiopie, du Soudan et de l’Égypte. Et comme on peut s’y attendre, la raréfaction de ressources essentielles telles que l’eau engendre de graves conflits régionaux. Dans ces pays et bien d’autres, notamment en Afrique, la biodiversité et la faune sont menacées d’extinction dû soit aux braconniers qui cherchent à profiter de l’ivoire ou de parties d’animaux utilisées en fabrication de potions ou remèdes, soit aux gens qui chassent simplement pour se nourrir. Ceci peut inclure la viande de brousse, une nécessité de survie entrainée par la pénurie alimentaire, elle-même exacerbée par le surpeuplement.

Pour un avenir durable : l’importance de la population humaine

Lorsque la santé de la planète et de ses habitants est en jeu, les nombres sont importants. Un avenir durable dépend du soin et de la protection prodigués aux ressources mondiales et au milieu environnant. Ceci doit s’accomplir en réduisant, puis en inversant la croissance démographique. L’accès à la planification familiale est d’importance critique pour atteindre ce but. Sans elle, l’humanité devra faire face à des obstacles insurmontables et à de sombres perspectives. Le meilleur moyen de contrer le surpeuplement est de rendre la contraception accessible à tous et d’éduquer les gens aux avantages d’une famille moins nombreuse.

Une panacée : la planification familiale

La planification familiale permet aux hommes et aux femmes d’exercer leurs droits inhérents de choisir le nombre d’enfants et l’écart d’âge entre eux en plus de leur assurer de profiter des avantages de la vie, en particulier une meilleure éducation et une égalité accrue. En outre, les soins de santé sexuelle et reproductive réduisent le nombre d’avortements et les taux de mortalité maternelle et infantile. Ils ralentissent la transmission du VIH/sida. Ils libèrent et autonomisent la femme et atténuent la pauvreté. Comme l’ont dit les Nations Unies : « La planification familiale peut profiter à plus de gens et à un coût moindre que n’importe quelle autre technologie disponible à l’humanité. »