Des immigrants partagent des histoires de leur communauté

Il n’y a pas longtemps, j’ai été contactée par un immigrant d’un pays en développement que j’appellerai « Pangée », qui avait vu l’un de mes articles republiés sur la plateforme subreddit à propos du logement au Canada. Ce quarantenaire que j’appellerai « Pan », était né en Pangée et était venu au Canada alors qu’il était préadolescent avec ses parents, qui avaient immigré légalement.

Pan est diplômé d’une université canadienne réputée et exerce une profession très respectée. Il s’inquiète du système d’immigration canadien et de la direction que prend le pays. Les choses sont très différentes, m’a-t-il dit, de ce qu’elles étaient lorsqu’il est arrivé au Canada. Après quelques échanges par courriel et par téléphone, Pan a souhaité me rencontrer pour me faire part de ses expériences en matière d’immigration. C’est ainsi que j’ai été invitée à dîner par Pan et sa femme, que j’appellerai « Géa », qui avait légalement immigré de Pangée à l’âge adulte. Géa était également une professionnelle formée dans un domaine différent.

Comme beaucoup d’autres Canadiens l’ont également remarqué, Pan et Géa ont souligné que même lorsque les deux membres d’un couple ont un bon emploi, la vie au Canada devient plus chère et, à bien des égards, plus difficile. Tout ce qu’ils (ou, dans le cas de Pan, ses parents) avaient fait pour immigrer au Canada était légal et en règle. Pan et Géa vivaient légalement au Canada et payaient des impôts. Mais tous deux étaient consternés par les nombreuses histoires d’immigration peu reluisantes dont ils avaient connaissance dans leur propre famille et au sein de la communauté pangéenne au Canada. Comment se fait-il, se demandent-ils, que le gouvernement canadien permette que tout cela se produise ?

Voici quelques-unes des histoires qu’ils ont partagées avec moi et qu’ils espèrent que d’autres Canadiens entendront également.

Les journalistes en tant que pseudo-réfugiés

Pan raconte qu’au milieu des années 2000, alors qu’il était à l’université, deux journalistes de Pangée sont venus chez ses parents à Ottawa et y sont restés quelques jours. Ils avaient été envoyés par une chaîne de télévision pangéenne. Le père de Pan, qui avait de bonnes relations au Canada, les a présentés à des représentants du gouvernement pour des interviews que la chaîne de télévision leur avait demandé d’obtenir. Il les a également conduits à Toronto, où ils ont pu obtenir des entretiens liés à l’emploi. Bien qu’il s’agisse de migrants économiques, ils ont demandé l’asile en invoquant une guerre civile déjà terminée en Pangée. Bien qu’un peu de recherche ou peut-être une consultation avec l’ambassade canadienne en Pangée aurait révélé que la guerre civile était terminée et que les journalistes n’étaient pas en danger chez eux, ils ont tous deux obtenu gain de cause dans leur demande d’asile.

Les clubs philanthropiques, plaques tournantes de la migration

En Pangée et dans d’autres pays en développement, le Rotary Club et le Lions Club sont populaires parce qu’ils organisent des congrès dans les pays occidentaux. Dans le cadre d’une stratégie migratoire, une personne cherchant à se rendre dans un pays occidental en tant que faux demandeur d’asile obtiendra un visa de visiteur pour assister à une telle réunion et retournera chez elle. Avec un passeport indiquant qu’ils se sont rendus dans un ou plusieurs pays occidentaux et qu’ils en sont revenus, les pseudo-demandeurs d’asile gagnent en crédibilité et peuvent plus facilement obtenir des visas de voyage pour l’ensemble de leur famille. La famille se rend alors dans le pays choisi avec les visas obtenus légalement, se débarrasse de ses passeports et demande l’asile.

Il y a trois ans, la belle-sœur d’un ami pangéen de Pan et Géa est venue au Canada en utilisant cette méthode. Son mari est d’abord venu assister à une réunion, puis il a amené sa femme et son enfant lors d’une visite ultérieure, au cours de laquelle la famille a demandé le statut de réfugié. Le couple a également eu un enfant au Canada, qui a servi de bébé d’ancrage.

Étonnamment, ce couple de « réfugiés » a pu acheter une maison en l’espace d’un an seulement, un exploit qui échappe de plus en plus aux Canadiens de souche. Ils ont réuni l’argent nécessaire à la mise de fonds en vendant leur maison en Pangée et en demandant à une entreprise sympathique gérée par des personnes originaires de Pangée de les embaucher pendant six mois. Puis, tout en percevant l’aide sociale, ils inondent leur sous-sol d’étudiants étrangers qui paient un loyer. (La nature exacte des études de certains de ces étudiants internationaux et la nature des institutions qui leur délivrent des diplômes méritent également d’être étudiées). Grâce à de faux documents et à l’aide de quelques banquiers et spécialistes des prêts hypothécaires, ce couple a pu s’offrir une maison. Actuellement, le mari travaille, mais non pas l’épouse.

Pan a indiqué qu’un de ses proches avait l’intention de se rendre en Australie (où certains de ses proches parents vivent légalement) avec un visa de visiteur, puis de retourner en Pangée (c’est-à-dire d’établir la crédibilité du fait qu’il n’est pas en train de chercher à obtenir l’asile). Il a ensuite l’intention de demander un visa de visiteur pour le Canada, où il assistera à la réunion du Rotary Club qui se tiendra à Montréal en 2025. Il demandera ensuite l’asile. Au bout de 18 mois, il espère obtenir le statut de résident permanent et pourra alors faire venir le reste de sa famille.

Cette personne, selon Pan, ne se préoccupe pas de gagner sa vie, car elle prévoit de dépendre du gouvernement canadien pour subvenir à ses besoins et à ceux de sa famille une fois qu’elle sera arrivée. Le soutien généreux du gouvernement est la principale raison pour laquelle ce magasineur d’asile a choisi le Canada.

Quelques semaines plus tard, Pan m’a informé de la situation de ce parent. Il venait de se voir offrir une opportunité commerciale très prometteuse en Pangée. Mais il a envisagé de la refuser parce qu’il était persuadé qu’il serait accepté au Canada, même s’il ne remplissait pas les conditions requises pour devenir résident permanent selon le système de points de l’immigration canadienne.

Pan a déclaré que tous les membres du Rotary Club de Pangée sont là pour se rendre dans un pays occidental. Il a ajouté qu’environ la moitié des personnes originaires de pays en développement qui participent à des conventions du Rotary Club dans un pays développé ne retourneront pas dans leur pays d’origine.

Comment obtenir quelques maisons d’un million de dollars à Toronto

Une connaissance du programme universitaire de Géa en Pangée est venue au Canada il y a 15 ans pour suivre un programme collégial. Elle travaille actuellement comme éducatrice de la petite enfance, ce qui signifie qu’elle gagne entre 30 000 et 40 000 dollars par an. Son mari, estime Géa, gagne entre 60 000 et 70 000 dollars par an. Et pourtant, ce couple possède non pas une, mais deux maisons d’un million de dollars à Toronto. Géa a fait remarquer que lorsqu’elle-même a essayé d’obtenir une ligne de crédit, on ne lui a proposé que 20 000 dollars, alors qu’elle a des qualifications professionnelles et qu’elle travaille dans son domaine, qui est nettement plus lucratif que l’éducation de la petite enfance.

Le moyen d’y parvenir, a expliqué Pan, est de trouver une maison où vivre avec l’aide de courtiers en hypothèques corrompus, puis de remplir la maison avec des personnes « du vieux pays ». La langue, la culture, la religion et la peur des contacts avec les autorités, ainsi que la mission commune d’obtenir un permis de séjour permanent, sont autant d’éléments qui favorisent la camaraderie. En général, ces maisons surpeuplées passent inaperçues aux yeux des autorités. Compte tenu du nombre considérable d’étudiants étrangers au Canada (environ un million) et des « usines à diplômes » qui les font venir, les nouveaux arrivants entreprenants, faux réfugiés ou autres, qui sont prêts à s’entasser dans leur foyer finissent par avoir les moyens de s’offrir une maison dans les grandes villes canadiennes en plein essor. Les résidents canadiens sont donc désavantagés, puisqu’ils sont en concurrence, pour le logement, avec des personnes qui peuvent payer plus cher en étant prêtes à supporter l’entassement et les conditions d’insécurité. Il est intéressant de noter que le gouvernement du Canada semble ignorer ce qui se passe. S’il est au courant, il ne s’est pas montré enclin à enquêter sur la situation dangereuse que représente une telle promiscuité.

Il semble que les choses soient un peu plus difficiles aux États-Unis (du moins pour ceux qui n’affluent pas par la frontière méridionale). Géa a décrit le cas d’une bonne amie de l’époque où elle étudiait en Pangée. Le père de cette femme était resté aux États-Unis pendant quinze ans, mais n’avait pas pu faire venir sa famille et était donc retourné en Pangée.

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Le fraude à l’asile peut-elle vraiment être aussi simple ?

Pan a mentionné un autre membre de sa famille, qui travaillait pour une station de radio FM non religieuse et non politique en Pangée et qui ne risquait pas d’être persécuté. Pourtant, il bénéficie aujourd’hui du statut de réfugié au Canada. Cette personne a un diplôme de comptabilité et travaille, a ajouté Pan, donc « au moins ce n’est pas un profiteur ».

Géa a mentionné une de ses amies qui a immigré au Canada en tant qu’infirmière dans le cadre d’entrée express. Elle a travaillé comme infirmière diplômée pendant que son mari suivait un programme collégial dans l’Ontario. Le mari a invité son frère, qui était enseignant en Pangée, à venir au Canada pour la cérémonie de remise des diplômes. Le frère est venu à la cérémonie. Bien qu’il n’ait pas été persécuté ou exposé à un quelconque danger en Pangée, il a demandé l’asile. Étonnamment, il a obtenu gain de cause et, en l’espace de trois ans, il a fait venir sa femme et ses enfants.

Pan a affirmé qu’il ne connaissait aucun demandeur d’asile de la communauté pangéenne qui n’avait pas obtenu le statut de réfugié – dans un pays qui n’est pas en guerre et où aucun groupe ne fait l’objet de persécutions systématiques.

Usines à diplômes, consultants en immigration et travailleurs temporaires

Pan raconte que l’année dernière, une jeune femme du village de sa famille en Pangée s’est rendue à Toronto en tant qu’étudiante. Pan s’est arrangé pour qu’elle y soit hébergée par un ami. Il lui a proposé de revoir et d’améliorer son CV. Selon Pan, le curriculum vitae de cette femme correspondait à peu près au niveau d’une huitième année au Canada, ce qui aurait dû soulever des questions quant à ses qualifications en tant qu’étudiante. Pourtant, ses qualifications étaient apparemment suffisantes pour une certaine institution. Pan a demandé en quoi cette femme, et d’autres diplômés produits par des usines à diplômes, aidaient l’économie canadienne. Selon lui, tout l’argent qu’elle gagnerait serait envoyé dans son pays d’origine pour couvrir les dépenses générales de la famille et rembourser la dette qu’elle a contractée en venant au Canada.

Géa dit qu’elle a un parent par alliance qui est consultant en immigration. Il envoie des gens de la Pangée au Canada et en Australie. Vingt-cinq pour cent des frais de scolarité des étudiants de première année sont reversés au consultant. Une université de Colombie-Britannique a offert à cet homme un voyage gratuit au Canada s’il pouvait lui trouver 16 étudiants.

 

Photo par Stanley Morales sur Pexels.com
 

Pan connaissait un développeur de logiciels originaire d’un autre pays en développement qui avait ouvert un restaurant servant des petits déjeuners occidentaux, c’est-à-dire, ne se spécialisant dans aucune sorte de cuisine ethnique. Un chef cuisinier canadien lui coûtant entre 65 000 et 70 000 dollars par an, alors il avait l’intention de faire venir deux travailleurs de son pays d’origine pour préparer des plats canadiens. Cet homme avait des collègues qui avaient déjà réussi à faire la même chose, apparemment sans faire sourciller le département de l’immigration.

Quelques semaines après notre rencontre, Pan m’a informé de deux autres cas de fraude à l’immigration. Il a fait remarquer qu’à chaque fois qu’il discute avec un immigrant différent, il découvre de nouveaux cas de fraude. Une personne l’a informé qu’un travailleur temporaire avait obtenu un emploi à Toronto en mentant sur son CV. Cette mise à jour du CV avait en fait été initiée par un consultant en immigration. L’entreprise s’est aperçue de son manque de qualifications et l’a mis à l’essai plutôt que de le licencier. Heureusement pour lui, car il doit environ la moitié de ses revenus avant impôts de la première année à ce « consultant ».

Un autre ami de Pan lui a expliqué comment fonctionne la fraude à l’EIMT. Une EIMT, ou étude d’impact sur le marché du travail, est un document qu’un employeur canadien peut être tenu de produire pour démontrer qu’il a besoin d’un travailleur étranger pour occuper un poste particulier pour lequel aucun Canadien ou résident permanent n’est disponible. En réalité, selon l’informateur de Pan, le propriétaire d’une petite entreprise (généralement un immigrant de première génération) affiche un poste et affirme qu’aucune personne qualifiée dans le pays n’a postulé. Il propose de faire venir quelqu’un de son pays d’origine (souvent de la même communauté). À l’insu du gouvernement canadien, cette personne doit s’acquitter d’une redevance. Dans la communauté pangéenne, le tarif actuel pour faire venir quelqu’un au Canada est d’environ 30 000 dollars. Le migrant sait généralement qu’il s’agit d’une fraude, bien qu’il ne puisse pas faire la distinction entre les paiements nécessaires au traitement de la demande et les paiements effectués au « consultant » en matière d’immigration. Le propriétaire de l’entreprise fait entrer le plus offrant dans le pays et le paie pendant quelques mois avant de l’aider à trouver un véritable emploi. Il s’agit souvent d’une boucle sans fin.

Le fait que tant de travailleurs spécifiquement amenés au Canada par des employeurs prétendument incapables de trouver des Canadiens qualifiés quittent ensuite ces employeurs en peu de temps n’a pas non plus éveillé de soupçons. « Pourquoi est-ce si incroyablement facile ? » demande Pan.

Immigration de masse et multiculturalisme : au détriment des résidents et des nouveaux arrivants

Pan et Géa ont discuté de la manière dont le système d’immigration du Canada désavantage les résidents canadiens. Contrairement à de nombreux nouveaux arrivants originaires de pays en développement, il est peu probable qu’ils envisagent de bourrer leur sous-sol d’étudiants étrangers afin de générer de l’argent pour les paiements hypothécaires. Ils doivent également payer leur propre hypothèque, a déclaré Pan, alors que la fraude hypothécaire est endémique dans la communauté immigrée de Toronto.

Pan a mentionné qu’un Pangéen de sa connaissance connaît un couple turc. Le mari est médecin de famille et la femme est spécialiste en ressources humaines. Cette famille est laïque et la femme ne porte pas le hijab. En Turquie, selon Pan, les écolières sont de plus en plus souvent obligées de porter le hijab. (Qu’il y ait ou non une loi, les codes vestimentaires des écoles et la pression sociale pourraient le rendre de facto obligatoire). Cette famille était venue au Canada pour échapper à tout cela. Pourtant, des chefs religieux se sont rendus au domicile de ce couple à Ottawa et leur ont dit que les filles devaient porter le hijab, de même que la mère, et qu’elles devaient assister à la prière du vendredi.

Selon lui, lorsque Pan a obtenu son diplôme de fin d’études secondaires, les écoles étaient laïques. Une dizaine d’années plus tard, lorsque sa jeune sœur a obtenu son diplôme, l’école comptait un imam qui remettait des prix aux élèves musulmans. Il n’y avait pas d’autres chefs religieux à l’école publique.

Pan, Géa et moi-même étions d’accord pour dire que la dé-sécularisation des écoles publiques canadiennes, associée à un « multiculturalisme » mal pensé et à une immigration massive, constituait une recette pour la fragmentation de la société canadienne.

La fuite des cerveaux et l’instabilité
 

Pan et Géa ont déclaré qu’ils connaissaient 17 Pangéens à Ottawa qui avaient des doctorats, tous légitimes. Ils ont déploré la fuite massive des cerveaux de la Pangée. L’importance de l’émigration en provenance de la Pangée en général est, selon eux, préjudiciable à la société et à l’économie de ce pays.

Et il ne s’agit pas seulement de la fuite des cerveaux. La perte massive de jeunes dans la société rend les personnes qui restent (volontairement ou non) désespérées face à l’avenir. Ce désespoir alimente l’idée que l’émigration est la seule issue possible.

L’émigration massive déstabilise la Pangée par d’autres moyens subtils. Dans certains villages, les seules personnes qui connaissaient le travail du métal sont parties. Dans certains villages, les seules personnes capables de tricoter ou de tailler des vêtements ne sont plus là. Pour de nombreux agriculteurs, il est désormais difficile de trouver une personne capable de labourer la terre ou de faire fonctionner un tracteur. Les petites communautés deviennent invivables, car le tissu social se déchire en raison de l’émigration massive.

Qui contrôle réellement la situation ?

En 2023, la population du Canada a augmenté de 1,27 million de personnes. 97,6 % de cette croissance est due à la migration internationale, et seulement 2,4 % à l’accroissement naturel. La croissance massive de la population due à l’arrivée d’environ 2,5 millions de nouveaux arrivants en 2022 et 2023 a transformé une pénurie aiguë de logements en une crise. Elle a rendu le logement inabordable pour de nombreuses personnes et incite les jeunes à repousser l’idée de fonder une famille. Selon Statistique Canada, avoir un enfant est devenu un indicateur de richesse. Pourtant, le gouvernement canadien utilise le faible taux de fécondité du pays pour justifier sa politique d’immigration massive.

Le gouvernement semble avoir perdu le contrôle des personnes qui viennent au Canada et n’a commencé à s’en préoccuper qu’à la suite des réactions négatives suscitées par ses politiques destructrices. Il ne fait pas non plus preuve de diligence pour s’assurer que les personnes quittent le pays à l’expiration de leur visa. En septembre 2023, la CIBC a estimé que 750 000 résidents non permanents de 2017 à 2022 avaient dépassé la durée de validité de leur visa et n’étaient pas pris en compte dans les statistiques officielles. Dans le même temps, le nombre de travailleurs temporaires, dans le cadre de divers programmes, a considérablement augmenté ces dernières années.

 

 

Le premier ministre Trudeau lui-même a admis que le nombre de travailleurs étrangers temporaires (et d’étudiants étrangers) était devenu incontrôlable. Le ministre de l’Immigration, Marc Miller, désarmé, a qualifié cela de « gâchis ». Interrogé sur la crise du logement induite par l’immigration dans une interview amicale, il a déclaré que « là où nous sommes ambitieux dans nos politiques publiques, [nous] n’apprécions pas nécessairement pleinement et ne jouons pas sur les impacts que cela peut avoir ».

Ce qui soulève la question de savoir à qui va servir l’ambition du gouvernement et à quelle fin? Bien qu’il ait déclaré son intention de réduire le nombre de travailleurs temporaires et d’étudiants étrangers, le gouvernement reste très « ambitieux » dans son objectif de résidents permanents, qui est de 500 000 par an.

La principale réponse du gouvernement à la crise du logement a été de promettre de « construire, construire, construire ». Mais il lui est physiquement impossible de se sortir de la situation créée par ses politiques d’immigration par la construction.

Pan et Géa ont fait remarquer que les histoires de fraude en matière d’immigration qu’ils connaissaient provenaient toutes de la communauté pangéenne – une seule des nombreuses communautés internationales au Canada. Combien de cas de fraude en matière d’immigration seraient trouvés parmi les nombreuses autres communautés ethniques au Canada, ont-ils demandé rhétoriquement.

Le Canada à la recherche d’escrocs? – Préoccupation inutile

Pan avait également invité quelques connaissances à assister au repas et à la conversation le soir où je l’ai rejoint avec Géa. Ils devaient partager leurs propres histoires ou celles qu’ils connaissaient de la fraude en matière d’immigration. Mais ils se sont tous désistés. L’un d’eux a appelé pendant que j’étais là pour s’excuser. (Je ne pouvais pas comprendre la fin de la conversation de Pan puisqu’elle était dans une langue que je ne parle pas.) Pan m’a dit que tout le monde craignait que je puisse être un agent du gouvernement recueillant secrètement des informations. Leurs préoccupations semblent inutiles. Le gouvernement semble beaucoup plus ambitieux à l’égard de l’entrée au Canada que de surveiller attentivement qui entre ou de garder une trace de tous ceux qui le font. Après tout, il s’agit du même gouvernement qui a permis à plus de 100 000 « demandeurs d’asile » de traverser la frontière depuis l’État de New York au poste frontalier déclassé du chemin Roxham, près de Lacolle, au Québec, entre 2017 et 2023.

 

Les migrants « irréguliers » qui entrent au Canada par le chemin Roxham obtiennent de l’aide de la police avec leurs bagages. Photo de la Canadian Press

Alors, pourquoi le secret ?
 

Certains peuvent se demander pourquoi Pan et Géa voulaient que ni leur propre identité ni celle de leur pays d’origine ne soient révélées. Comme Pan l’a dit, si les gens de la communauté pangéenne devaient voir ce que j’ai écrit, beaucoup sauraient de qui on parlait et qui les avait déclarés. Et peut-être même le gouvernement en prendrait-il note, bien qu’il ait été remarquablement peu intéressé à enquêter sur la véracité des demandes d’asile, les programmes d’études de nombreux étudiants internationaux et les établissements qui les offrent, ou le besoin réel de tant de travailleurs résidents non permanents.

Pan et Géa ne voulaient pas causer d’ennuis à qui que ce soit, mais ils se sont sentis obligés de faire savoir aux Canadiens que de nombreux nouveaux arrivants au Canada escroquent le système. Pan a déclaré que c’est le problème systémique qui doit être abordé et que s’en prendre à quelques personnes qui se trouvent être connues des dénonciateurs ne résoudrait rien. Tout système qui n’a pas de garantit de protection contre les profiteurs et les tricheurs s’effondrera, a-t-il souligné.

Appauvrir le Canada par la croissance ?
 

La politique d’immigration actuelle du Canada est fondée sur de faux arguments économiques en faveur de la nécessité d’une population sans cesse croissante qui comprend beaucoup de travailleurs temporaires pour satisfaire les demandes de main-d’œuvre bon marché de certaines industries et montre un manque de diligence raisonnable à l’égard des demandeurs d’asile. Alors qu’il jouissait autrefois de l’un des niveaux d’égalité les plus élevés au monde, le Canada est en train de devenir rapidement un pays de « bien nantis » et de « démunis ». Cette tendance se poursuivra tant que le gouvernement accordera la priorité à une politique d’immigration « ambitieuse » plutôt qu’au bien-être des Canadiens.

La crise du logement, l’inflation et le taux de chômage élevé chez les immigrants récents et les travailleurs temporaires réduisent l’attrait du pays en tant que destination. Pan a dit que pour les enfants de ses cousins en Pangée qui envisageaient d’émigrer, le Canada avait déjà perdu de son éclat. Mais une grande partie de la population mondiale vit encore dans des pays pauvres ou en développement où la corruption est souvent endémique, et par conséquent, la pression migratoire vers le Canada se poursuivra même si elle devient moins attrayante, en particulier pour les immigrants qualifiés. Compte tenu de l’objectif d’immigration fixe et très élevé du Canada (500 000) et de l’afflux qui n’a pas encore été freiné d’un nombre encore plus important de travailleurs temporaires, cela entraînera une réduction de la qualité des nouveaux arrivants au Canada.

J’espère que les histoires que Pan et Géa m’ont racontées alerteront les Canadiens sur l’abus du système d’immigration du Canada. Malgré les fraudes flagrantes commises par certains immigrants, travailleurs temporaires et faux demandeurs d’asile, à mon avis, c’est le gouvernement qui est le plus grand escroc de tous parce qu’il a permis que de telles choses se produisent et qu’il s’est fixé des cibles fondées sur des mythes plutôt que sur la réalité. Sans une réforme en profondeur du système d’immigration du Canada, les Canadiens qui vivent aujourd’hui ne reconnaîtraient pas le pays que le Canada est susceptible de devenir.

 

Madeline Weld, Ph.D.
Présidente, Institut canadien de la population
Tél.: (613) 833-3668
Courriel: [email protected]
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