La nouvelle année pourrait s’avérer plus excitante que beaucoup d’entre nous ne le souhaiteraient. L’esprit de « Paix sur la terre aux hommes de bonne volonté » est rare dans de vastes régions du monde. Même dans la tranquillité relative du Canada, il y a beaucoup de tumulte. Un gouvernement de plus en plus impopulaire confronté à sa chute dans les sondages et à un éventuel vote de censure au parlement semble établir les politiques en mode panique, plutôt que par des délibérations prudentes. Récemment, le pays a été menacé de droits de douane massifs de la part de son principal partenaire commercial, à moins qu’il ne prenne un meilleur contrôle de sa frontière. Mais, malgré l’indignation que la menace a suscitée chez certains Canadiens, cela pourrait s’avérer être une bénédiction déguisée. Plus de terroristes présumés ont été arrêtés pour avoir tenté de traverser aux États-Unis à partir de leur frontière nord que depuis leur frontière sud. Voulons-nous vraiment ces gens au Canada? Et ne devrions-nous pas nous demander comment ils sont arrivés ici?

La liste de souhaits de l’Institut canadien de la population (ICP) pour 2025 reflète notre accent, à l’échelle mondiale, et nationale, sur la population et son interconnexion avec les questions environnementales, économiques, sociales et politiques.

À l’échelle mondiale et au Canada, la croissance demeure l’objectif, même quand les contraintes deviennent évidentes   

Dans une manifestation stupéfiante de dissonance cognitive, les dirigeants politiques et économiques du monde entier continuent de faire de la croissance un objectif principal. En ce qui concerne les questions d’intérêt environnemental, ils se sont concentrés presque exclusivement sur les changements climatiques. Il semble y avoir peu de conscience que tout effet que nous pourrions avoir sur le climat de la Terre n’est que l’un des nombreux symptômes d’une espèce humaine en dépassement. L’humanité est entrée dans une « phase de fléau » comme en témoignent la perte de biodiversité, la déforestation, la surpêche, l’épuisement des ressources en eau, la pollution et notre volonté de parcourir de manière destructrice tous les coins et recoins de la terre et de la mer à la recherche de ressources pour répondre aux exigences de notre économie « techno-industrielle moderne » qui est basée sur un paradigme de croissance continue.

Comme Malthus l’a noté il y a plus de 200 ans, chaque augmentation de la production alimentaire a entraîné une augmentation de la population. Facilité par le processus Haber-Bosch et la Révolution verte, c’est exactement ce qui s’est produit de manière spectaculaire au cours du 20e siècle, qui a commencé avec 1,5 milliard de personnes et s’est terminé avec 6 milliards. La surestimée « Transition démographique » a été lente à se réaliser en Afrique subsaharienne et dans plusieurs autres régions du monde. C’est ainsi que nous voyons, dans les pays les plus pauvres, des bidonvilles urbains en plein essor dont les résidents ont peu de chances de trouver un emploi décent ou de pouvoir atteindre une qualité de vie même modeste. Cela crée des facteurs d’incitation pour migrer vers des pays plus riches, légalement et illégalement, créant des tensions politiques et sociales dans ces pays.

Alors même que le soutien à la planification familiale languit, des efforts massifs sont déployés pour développer des énergies renouvelables, souvent à un coût environnemental élevé, dans un effort de lutter contre le changement climatique. Le passage à l’électricité a été présenté comme notre salut environnemental et semble être considéré par beaucoup comme la voie vers une croissance économique perpétuelle – comme si une telle chose était possible sur une planète finie.

Les données brossent un tableau beaucoup plus sombre. L’électricité n’est pas une source d’énergie primaire. L’électricité est produite par la conversion de sources d’énergie primaires, qui comprennent les combustibles fossiles (charbon, pétrole, gaz naturel), et l’énergie nucléaire, solaire, éolienne, hydroélectrique et de la biomasse. Bien qu’une proportion croissante de l’électricité consommée soit produite à partir de sources primaires autres que les combustibles fossiles (comme l’énergie éolienne et solaire), seulement environ un cinquième de l’énergie primaire est consommé sous forme d’électricité.

À l’échelle mondiale, la proportion d’énergie consommée sous forme d’électricité est relativement stable depuis 2020 et a constitué 20,6 % de la consommation mondiale finale d’énergie en 2023. Bien que les énergies renouvelables fournissent une plus grande proportion de l’énergie électrique, l’éolien et le solaire n’ont fourni que 13,7% de l’énergie pour l’électricité en 2023. Par conséquent, ils n’ont fourni que 2,82 % (0,206 x 0,137) de la consommation totale d’énergie. Il ne semble pas réaliste de s’attendre à ce que l’énergie éolienne et solaire soit en mesure de répondre aux besoins énergétiques du monde dans tout délai prévisible. Bien que le Canada produit une grande partie de son électricité à partir de sources hydrauliques, la plupart des pays ne sont pas dotés avec des ressources en eau aussi abondantes.

La majeure partie de l’énergie primaire est encore consommée sous forme de combustibles fossiles. Bien que leur part de l’énergie primaire ait diminué au cours du dernier demi-siècle, passant de 93,4% en 1965 à 81,5% en 2023, le taux de déclin ne montre aucun signe d’accélération.

Une version interactive du graphique ci-dessous, montrant la part des combustibles fossiles dans la consommation d’énergie primaire de 1965 à 2023, peut être consultée à Statista.

 

 Source:  https://www.statista.com/statistics/1302762/fossil-fuel-share-in-energy-consumption-worldwide/
 

Alors que la part des combustibles fossiles dans la consommation d’énergie primaire au cours des dernières années a diminué modestement au mieux, la quantité totale d’énergie consommée a augmenté de façon spectaculaire, passant de 52 523 térawattheures (TWh) en 1965 à 183 230 TWh en 2023. Par conséquent, la consommation de combustibles fossiles, ainsi que d’autres sources d’énergie, a augmenté. Une version interactive du graphique ci-dessous peut être consultée à Our World in Data.

 

Bref, le monde fonctionne encore principalement sur les combustibles fossiles, une ressource non renouvelable limitée. Bien que l’éolien et le solaire ne puissent même pas suivre l’augmentation annuelle de la demande mondiale d’énergie, ils sont présentés comme notre salut et utilisés pour permettre plus de croissance (pour le moment). En réalité, cette croissance ne fera que hâter l’effondrement.

Le Canada en désordre

Entre-temps, au Canada, le gouvernement subit l’effet de sa politique d’immigration de masse. Après avoir ignoré pendant des années les préoccupations croissantes concernant l’impact de cette politique, le gouvernement ressent maintenant toute la colère des Canadiens qui ont vu les prix et les loyers des logements monter en flèche, les demandes sans précédent aux banques alimentaires, l’endettement des ménages atteindre des niveaux records et la qualité de l’emploi décliner alors que la main-d’œuvre bon marché affluait au pays. Un premier ministre qui a déclaré que la lutte contre le changement climatique était aussi importante que de pouvoir payer sa nourriture et son loyer est apparu comme étonnamment sourd.

En toute justice, la politique d’immigration de masse du Canada n’a pas été initiée par le gouvernement actuel. Cela a commencé activement sous le gouvernement de Brian Mulroney, en 1990, lorsque sa ministre de l’Immigration Barbara McDougall a fait adopter une politique visant à attirer un quart de million de nouveaux résidents permanents chaque année, quelles que soient les conditions économiques. Cette folie a été poursuivie par tous les gouvernements depuis. Mais le gouvernement de Justin Trudeau l’a fait passer à de nouveaux niveaux et a balayé tout conseil selon lequel les choses pourraient mal tourner.

En octobre 2017, le ministre de l’Immigration de l’époque, Ahmed Hussen, a annoncé que 300 000 nouveaux immigrants chaque année seraient la « nouvelle norme » et a lancé l’option pour des niveaux encore plus élevés pour 2018 et au-delà. Et, en fait, le nombre de nouveaux arrivants était beaucoup plus élevé. Le terme « immigrant » ne désignait que les résidents permanents et n’incluait pas les travailleurs temporaires ou les étudiants étrangers.

En novembre 2022, le ministre de l’Immigration de l’époque, Sean Fraser, a annoncé que le Canada avait « accueilli plus de 405 000 nouveaux arrivants » au cours de la dernière année, le plus grand nombre jamais enregistré. Il a fixé des objectifs de résidence permanente de 465 000 pour 2023, et de 485 000 et 500 000, respectivement, pour 2024 et 2025. Marc Miller s’est engagé à poursuivre ces objectifs après être devenu ministre de l’Immigration en juillet 2023, malgré les préoccupations croissantes concernant la crise du logement, et a même réprimandé les Canadiens qui s’opposaient à la politique du gouvernement pour blâmer les immigrants et ne pas avoir leur intérêt supérieur à cœur. Il ne semble pas avoir traversé l’esprit de quiconque au Cabinet que c’était l’intérêt supérieur des Canadiens dont ils devaient se préoccuper.

Même Statistique Canada a été recruté pour pousser la folie de l’immigration de masse, produisant une vidéo de propagande grinçante qui célébrait les réalisations du Canada atteignant une population de 40 millions d’habitants en juin 2023.

Pendant ce temps, les nombres de travailleurs étrangers temporaires et d’étudiants internationaux, non compris dans les objectifs d’immigration cités ci-dessus, ont également atteint un tel point que le gouvernement a admis plus tard qu’ils étaient devenus incontrôlables. De plus, le nombre annuel de demandeurs d’asile a monté en flèche, passant d’environ 16 000 en 2015, l’année où Trudeau a été élu premier ministre pour la première fois, à près de 147 000 de janvier à septembre 2024 (ce qui, s’il était appliqué à l’ensemble de l’année, totaliserait près de 200 000). Depuis janvier 2017, environ 100 000 personnes ont également été permises à entrer illégalement au Canada, principalement au poste frontalier déclassé du chemin Roxham entre l’État de New York et le Québec. Il semble que tout le monde, sauf le gouvernement, savait qu’un grand nombre de fraudes étaient commises par des gens qui entraient au Canada par diverses voies. Un immigrant de la « Pangée » m’a raconté des histoires de sa propre communauté, tout en soulignant que des choses semblables se produiraient dans les communautés ethniques partout au Canada.

Le graphique ci-dessous montre le nombre de nouveaux arrivants de toutes les catégories qui sont entrés au Canada chaque année de 1991 à 2023. Une grande partie de l’augmentation de ces dernières années (à l’exception de 2020, où les voyages ont été réduits en raison de la Covid) provient de travailleurs étrangers temporaires et d’étudiants internationaux.

 

Croissance annuelle de la population au Canada, présenté par Don Kerr. https://thehub.ca/2024/04/26/don-kerr-population-growth-is-exploding-heres-why/ (La barre pour 2022 est basse, l’apport réel cette année-là était de plus d’un million.)
Le graphique ci-dessous illustre comment  on a permis au nombre de travailleurs temporaires dans diverses catégories d’augmenter avec peu de surveillance sous le gouvernement actuel.

 

 

L’augmentation spectaculaire du nombre annuel de demandeurs d’asile entre 2000 et 2023 est illustrée dans le graphique ci-dessous. À l’exception de 2024, les chiffres du tableau montrant les données de 2015 à 2024 sont tirés du graphique. Le chiffre pour janvier à septembre 2024 provient de la CISR (Commission de l’immigration et du statut de réfugié du Canada). Le nombre projeté de demandeurs d’asile pour toute l’année 2024 (près de 200 000) représente une augmentation de 12 fois depuis l’arrivée au pouvoir de Trudeau en octobre 2015. Pour cette année-là, il était d’environ 16 000. Le nombre de demandeurs d’asile dépasse la capacité des villes à les abriter. Il semblerait qu’il soit indiqué de vérifier davantage quelles sont les demandes acceptées aux fins de traitement.

Source: https://www.statista.com/statistics/549323/number-of-refugee-claimants-canada/
 

 

Nombre de demandes d’asile au Canada, 2015 à 2024
Année Nombre de demandes
2015 16,055
2016 23,860
2017 50,380
2018 55,040
2019 64 035
2020 23 710
2021 24 870
2022 91 725
2023 143 770
2024 janv. – sept. 146 828
2024 Projeté (146 828 x 4/3) 195 770


En réponse à des sondages lamentables, à un nombre croissant de députés libéraux dissidents et à la récente déclaration du chef de son ancien partenaire « d’approvisionnement et de confiance » au pouvoir, le NPD, selon laquelle il appuierait un vote de censure, le gouvernement a fait une volte-face désespérée. Tout au long de 2024, il a annoncé des réductions dans diverses catégories de nouveaux arrivants, en premier les étudiants et travailleurs étrangers temporaires, et plus récemment les résidents permanents (encore excessivement élevés). En novembre, Miller a déclaré qu’il s’attendait à ce que la plupart des 4,9 millions de personnes dont les visas doivent expirer à la fin de 2025 partent volontairement. Bonne chance avec ça. Un rapport d’août 2023 de la Banque CIBC a estimé que le Canada sous-estimait le nombre de résidents non permanents au Canada de près d’un million, en raison de lacunes dans le recensement et parce que de nombreuses personnes restent après la date d’expiration de leur visa. Peu de temps avant Noël, Miller a annoncé que le gouvernement sévissait contre les incitations à l’escroquerie.

Ce qui nous amène à une liste de souhaits pour le Canada et le monde 

Tous les pays bénéficieraient de décideurs qui fondent leurs politiques sur les réalités biophysiques. Les grandes économies d’Europe – Allemagne, Grande-Bretagne, France, entre autres – deviennent politiquement instables. L’immigration est devenue une question brûlante et l’énergie une patate chaude politique. En ce sens, la poursuite de la croissance mène à l’instabilité. Si l’ICP avait son choix, les pays donneraient la priorité au bien-être et à la stabilité au lieu de poursuivre la croissance.

Pour le Canada, la liste suivante aiderait un gouvernement à fonder ses politiques sur la réalité afin qu’il ne finisse pas par prendre des décisions ad hoc désespérées lorsque la réalité qu’il a ignorée le frappe en pleine face.

1. Créer un organisme consultatif scientifique véritablement indépendant (pas une table scientifique de style soviétique dont les recommandations s’alignent toujours sur ce que veut le gouvernement en place). Le Conseil scientifique du Canada a été créé en 1966 pour être un organisme consultatif auprès du gouvernement et éduquer le public sur les questions scientifiques. En 1976, son rapport no 25 a déconseillé une croissance démographique téméraire. Le Conseil scientifique a été aboli par Brian Mulroney qui a massivement augmenté l’immigration.

2. Élaborer de bonnes données, fonder les décisions sur ces dernières et les rendre facilement accessibles aux chercheurs et au public. Par exemple, l’Inventaire des terres du Canada a été établi pour évaluer et créer des cartes montrant la capacité de la surface terrestre du Canada à soutenir l’agriculture, la foresterie, la faune et les loisirs. Dans la mesure du possible, les bases de données contenant différents types d’informations devraient être conçues de manière à établir facilement des liens entre elles. Les pratiques de gestion actuelles dans un domaine donné pourraient être évaluées en fonction de tels renseignements.

3. Le Canada n’est pas « sous-peuplé ». Élaborer une politique démographique qui favorise la durabilité, la stabilité et une qualité de vie élevée plutôt que de fixer un objectif d’un grand nombre arbitraire (comme 100 millions d’ici 2100). Fixer des limites raisonnables au nombre de travailleurs étrangers temporaires et d’étudiants étrangers et sévir contre les escroqueries liées à l’étude d’impact sur le marché du travail et les usines à diplômes. Cesser d’utiliser l’immigration de masse comme source de main-d’œuvre bon marché pour accroître la taille de l’économie tout en diminuant le PIB par habitant (c.-à-d. appauvrir les Canadiens).

4. Prendre le contrôle des frontières du Canada et garder une trace du moment où les étrangers entrent et sortent. Ne vous attendez pas à ce que toutes les personnes dont le visa expire partent volontairement et à temps. La prise de mesures pour mettre fin à l’immigration illégale au Canada réduira également le nombre de personnes qui utilisent le Canada pour entrer illégalement aux États-Unis. Cela constituerait une monnaie d’échange utile lors des négociations sur les droits de douane.

5. Soyez transparent. Arrêtez d’imposer une croissance que les Canadiens n’ont jamais demandée, ensuite leur dire qu’ils profitent de cette croissance lorsqu’ils peuvent voir qu’elle les appauvrit.

Il est peu probable que l’ICP soit invité à conseiller le gouvernement, mais nous continuerons de communiquer l’impact de ses politiques relatives à la population. Au cours des dernières années, le Canada s’est transformé en une étude de cas d’un « piège démographique », qui se produit lorsque la croissance démographique d’un pays dépasse sa croissance économique. Il n’y a pas tant d’années, personne n’aurait cru que cela pourrait même être possible.

Merci à nos sympathisants et donateurs de nous avoir aidés à promouvoir du bon sens en matière de la population.

Bonne année !

Madeline Weld, Ph.D.
Présidente, Institut canadien de la population
Tél.: (613) 833-3668
Courriel: [email protected]
www.populationinstitutecanada.ca